Gérer son temps

Gérer son temps n’est pas une tâche simple et nous avons souvent le sentiment de ne pas parvenir à faire ce que nous aurions aimé réaliser. Jamais nous n'avons eu le sentiment d’être autant sollicités et surchargés. Avant, on ne recevait pas des dizaines de courriels par jour, nous n’avions pas de téléphone portable avec toutes les distractions que ça apporte, et il n’y avait pas de réseaux sociaux.

Nous avons des difficultés à nous organiser, à définir nos priorités ou bien nous avons tellement de choses à faire et nous sommes complètement éparpillés ou encore, nous n’arrivons plus à respirer et nous sommes toujours stressés… Nous sommes dans la dictature de l’immédiat.

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Points-clés

Prendre conscience

• des multiples sollicitations qui nous font vivre dans l’instantanéité (téléphone portable, courriels, réseaux sociaux) et nous empêchent de nous projeter dans le moyen et long terme (relations, études, travail, engagements, projets).

• de la responsabilité personnelle que l’on a chacun de faire des choix, d’organiser son temps pour conduire sa vie.

• des priorités que l’on se donne pour mieux gérer son temps et sa vie pour être en cohérence avec les orientations de vie que l'on a choisies.

• de la nécessité de se donner les moyens de ses intentions. Différence entre ne pas avoir le temps et ne pas prendre le temps.

• de la nécessité de savoir dire “non”
  

1. La parole des couples

QUESTIONS

• Vie de famille, vie professionnelle, temps avec les amis, temps personnel. Est-ce que j’éprouve des difficultés pour tout mener de front? Lesquelles?

• Si j’ai des insatisfactions dans l’organisation de mon temps, qu’est-ce qui me pollue, me stresse, qu’est-ce qui me fait perdre du temps ?

• Comment je me sens concerné par la culture de l’immédiateté?

• Quel est l’impact des nouveaux outils numériques (smartphones, Internet, réseaux sociaux) sur ma gestion du temps?

• Dans la gestion de mon temps, qu’est-ce qui me paraît le plus difficile?

• Dans mon emploi du temps, quels moments me rendent le plus heureux?

• Quels temps est-ce que j’arrive à prendre pour moi et pour mon couple?

• Personnellement, me suis-je imposé des règles pour organiser mon temps ? Lesquelles ? Quels sont mes “trucs”? Et en couple, nous sommes-nous aussi imposé des règles ?

• Est-ce que la gestion du temps de mon conjoint me convient ?

PISTES DE REFLEXION

Pour mieux gérer son temps, avant tout définir ses priorités

Quelles sont nos ambitions et nos rêves les plus fous? L’organisation de notre temps, les priorités que nous nous donnons sont-ils en phase avec ces aspirations ?

Utilisons-nous les bons moyens pour les réaliser ?

Comment en famille, au travail, dans nos engagements, avec nos amis, distinguer

● ce qui est important, utile, indispensable, urgent

● ce qui me (nous) nourrit au plan intellectuel, culturel, affectif, spirituel.

● ce que j’aime (nous aimons) faire, ce qui me (nous) fait du bien : sports, loisirs,

● ce que je (nous) dois (devons)faire,

● ce qui pollue l’organisation de mon (notre) temps

A partir de ce discernement, quelles priorités nous donnons-nous ?

Le temps que nous accordons aujourd’hui à chacune de nos activités correspond-il à ces priorités? Que faut-il changer?

Les autres pistes à approfondir

• Concilier planification des tâches et imprévus il y a toujours des imprévus dans une journée et les choses ne se passent rarement comme nous l’avions planifié… Nos tâches prennent plus de temps, nos réunions s’éternisent, quelqu’un nous interrompt, un courriel important ou bien des informations trop nombreuses arrivent, etc.

• Accepter d’être dérangé Par un de nos enfants, notre conjoint, un ami ou un inconnu qui frappe à notre porte et qui a réellement besoin de notre présence.
  

• Distinguer l'urgent et l'important L'activité urgente est programmée très vite et les choses importantes, davantage à l’avance. Si nous courons toujours après le temps et ne faisons que l'urgent, nous négligeons l'important qui risque de n’être jamais réalisé…, ou alors dans l’urgence.
  

• Apprendre à déléguer pour trouver du temps En famille, au travail, dans nos engagements, ne pas vouloir tout faire par nous-mêmes et apprendre à se faire aider. Faire preuve d’indulgence et de patience envers les autres si l’on constate que le résultat n’est pas tel que nous l’espérions. Admettre qu’il soit simplement différent.
  

• Savoir dire non A des propositions ou demandes qui nous détournent de nos priorités, avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord ou qui n’apportent rien. Un “non” qui manifeste notre liberté.
  

• Tenir compte de nos rythmes personnels? Sommes-nous du matin ou du soir ? Avons-nous besoin de beaucoup de sommeil ? Aimons-nous faire un break à midi ? Avons-nous besoin de repos avant de pouvoir entamer une discussion sérieuse ? Nous sommes tous différents. Comment tenir compte de nos rythmes biologiques dans notre organisation pour éviter les tensions. Les rythmes de l’homme et de la femme ne sont pas identiques.
  

• La différence entre ne pas avoir le temps et ne pas prendre le temps L’organisation de nos journées relève de nos choix, il est important d’en prendre conscience. Pourquoi, même si nous manquons cruellement de temps, certains engagements sont-ils tenus et d’autres non?
  

• Le temps, la présence et la parole Il existe un rapport très direct entre les trois. Si l’on ne prend jamais le temps, la parole souffre et la présence de l’autre est inexistante. L’intimité prend du temps. Avec notre conjoint, par exemple. Avons-nous trouvé un bon équilibre ?
  

• Un temps de qualité Lorsque je consacre du temps à une personne (enfant, conjoint, ami,...) qui me sollicite, suis-je effectivement pleinement disponible et vraiment à l’écoute ?
  

• Du temps pour soi S’arrêter, se ménager des temps de détente, de gratuité, de ressourcement, de qualité avec soi-même, est-ce une perte de temps ?
  

• Ai-je tendance à remplir tous les vides et tous les blancs, à ne pas supporter l’attente ou le silence ?
  

• Se promener, regarder un paysage, rêver: un temps difficile à justifier et qui ne paraît pas valorisant. Ce temps qui favorise l’intériorité est-il un temps perdu ?
  

• Un temps pour prier et rendre grâce Est-ce que je laisse une place à Dieu dans mon emploi du temps ? Est-ce que je me confie à Lui dans les moments difficiles, dans les moments de joie ? Prière d'alliance : merci, pardon, s’il te plait.
  

• Suis-je à l’écoute de ce qu’Il me dit à travers sa parole mais aussi à travers la rencontre de mes frères ?

2. La Parole de Dieu

- Marc 1, 29-39 : “Il s’en alla hors de la ville, dans un endroit isolé ; là il se mit à prier.”

Alors qu’on le cherche partout après qu’il a guéri de nombreux malades, Jésus se retire et prend du temps pour prier son Père. Il ne répond pas aux attentes des personnes qui le cherchent pour d’autres guérisons. Il ressent le besoin essentiel de prier son Père, de l’écouter, de se ressourcer auprès de Lui pour poursuivre sa mission: annoncer la Bonne Nouvelle et proposer à chacun un chemin de Vie.

Donnons-nous, nous aussi, du temps à l’intériorité et à l’écoute de Dieu (pour prendre les bonnes décisions, trouver une paix intérieure, etc.) ?

- Luc 10, 38-42 : La visite de Jésus à la maison de Marthe et Marie, sœurs de son ami Lazare.

Alors que Marthe se consacre aux tâches domestiques, elle reproche à Marie de ne pas l’aider car elle s’est assise pour écouter le Christ. Le pape Benoît XVI (Source Le Vatican 18 juillet 2010) commente ce passage: « La parole du Christ est très claire: il n’y a aucune dépréciation de la vie active, ni même de sa généreuse hospitalité, mais un net rappel au fait que la seule chose vraiment nécessaire est ailleurs: dans l’écoute de la Parole du Seigneur qui donne un sens à notre action quotidienne. (...) Sans un sens profond, tout ce que nous faisons se réduit à de l’activisme stérile et désordonné. Et qui nous donne l’amour et la vérité si ce n’est Jésus-Christ? ». Si Marthe prend le temps de goûter la Parole de Dieu, ses plats n’en seront que meilleurs.

- Luc 14, 15-24: “Un homme offrit un grand repas auquel il invita beaucoup de monde.”

Dieu nous invite toujours à sa table, il aime passer du temps avec nous. Et pourtant, nous sommes parfois distraits par beaucoup de choses ; ce sont souvent de bonnes choses, mais elles n’ont pas le bon rang dans nos priorités. Y a-t-il certaines réalités dans ma vie qui sont devenues des « excuses » pour ne pas accepter l’invitation de Dieu à son banquet ?

- Qohélet ou Ecclésiaste 3, 1-11 : “Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel”.

Accueillir la vie comme elle vient, comme Dieu nous la donne, vivre à fond les jours et les évènements quand ils sont là. Il y a « un temps pour tout » et « Dieu fait toute chose belle en son temps » : chaque temps de la vie - qu'il soit heureux ou malheureux - a son sens en son moment. Cette liste fait ressortir la richesse de l'existence faite de ces multiples temps différents. Toutes ces actions y trouvent leur place. Nous qui courons après le temps, qui parlons de temps « perdu », nous qui n'avons pas le temps, retrouvons un temps pour chaque chose et vivons pleinement le temps présent.

Autre texte

- Luc 9,57-61 : L’appel de Jésus « Toi, viens et suis-moi »

3. La prière

Le temps que Tu me donnes

« Je suis sorti, Seigneur, dehors les hommes et les femmes couraient, les vélos couraient, des voitures couraient, les camions couraient, la rue courait, la ville courait, tout le monde courait.

Les hommes courent tous après le temps, Seigneur. Ils passent sur la terre en courant, pressés, bousculés, surchargés, affolés, débordés. Toi qui es hors du temps, Tu souris, Seigneur, de nous voir nous battre avec lui.

Seigneur, j’ai le temps, j’ai tout mon temps à moi, tout le temps que Tu me donnes, les années de ma vie, les journées de ma vie, les journées de mes années, les heures de mes journées, elles sont toutes à moi. A moi de les remplir, tranquillement, calmement, mais de les remplir tout entières, jusqu’au bord, pour Te les offrir, et que de leur eau fade, Tu fasses un vin généreux, comme jadis à Cana, Tu fis pour les noces humaines.

Je ne Te demande pas ce soir, Seigneur, le temps de faire ceci, et puis encore cela, je Te demande la grâce de faire consciencieusement, dans le temps ce que Tu me donnes, ce que Tu voudrais que je fasse.

D’après une prière de Michel Quoist