Vérité et mensonge

encoupleetdieudans
8 août 2022
8 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 sept. 2022

Opposer ces deux mots exprime d’une certaine façon un choix de vie et une manière d’être, en couple, avec ses enfants et aussi au-delà de la famille. C’est un peu comme s'il y avait d’un côté la lumière et de l’autre l’obscurité.

Au quotidien, cela n’est pas si simple et nous avons tous notre part d’ombre. Vivre en vérité n’est pas un état acquis une fois pour toutes mais une recherche continuelle qui passe par la reconnaissance et l’acceptation de nos limites et de nos failles personnelles.

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Points-clés

Prendre conscience que

Le mensonge est destructeur et incompatible avec l’amour et la confiance.
Nos mensonges ont des origines multiples qui nous révèlent une part de nous-même.
Tout mensonge chez l’enfant est l’indice d’une vérité qui ne sait pas s’exprimer autrement.
Chercher à se situer en vérité ne consiste pas seulement à éviter de mentir mais implique un travail sur soi permanent et une relecture régulière pour ajuster ses actes à ses paroles.
La recherche de vérité est libératrice et permet de grandir et de s’épanouir.

1. La parole des couples

QUESTIONS

Quelle est la cause la plus fréquente de mes mensonges ?
Est-ce qu’il m’arrive de me mentir à moi-même ? A mon conjoint ?
Suis-je toujours en cohérence entre les propos que je tiens et ma manière de vivre ?
Peut-on toujours dire la vérité ?
Est-ce que dire la vérité me libère ? De quoi ?
Quelle est ma recherche de vérité lorsque je m’informe ou dans une discussion avec des amis ? Suis-je plus attentif à ce qui pourrait conforter ma manière de voir et apporter de l’eau à mon moulin ?
M’arrive t-il de répercuter des informations que je sais peu fiables ?
Pour moi, qu’est-ce que cela veut dire aimer en vérité ?
Quelles sont la ou les personnes qui m’aiment en vérité ? Qu’est ce que son ou leur amour fait grandir dans ma vie ?
Comment est-ce que je réagis aux mensonges de mes enfants ?

PISTES DE REFLEXION

- Le mensonge est destructeur Il touche à la quête du vrai et à la confiance que l’on peut avoir envers l’autre. Le mensonge fait encore plus de dégâts quand il abîme un lien fort qui reposait sur la confiance ou une alliance entre deux personnes. Il pervertit la relation et peut même la détruire. Un amour peut-il s’épanouir sans vérité ?

- Pourquoi mentons-nous ?

Par peur, par jalousie, pour éviter une punition, pour obtenir un avantage, par désir de briller, donner ou protéger une bonne image de soi, pour garder du pouvoir sur l’autre, pour éviter un conflit ou une rupture, pour masquer des incohérences, pour ne pas faire de peine, pour faire plaisir à quelqu’un.

Mentons-nous pour des raisons égoïstes ou des raisons altruistes ?

- Se mentir à soi-même.

Il n’est pas facile de mettre en totale cohérence tout ce qui nous constitue : désirs, pensées, aspirations, goûts, forces et faiblesses, égoïsme et altruisme... Lorsque nous ne parvenons pas à gérer tous les courants contradictoires qui nous habitent, la tentation est forte de réduire le mal-être et la gêne qui se diffusent en nous, en nous mentant à nous-même. Cette attitude ne résout rien de nos contradictions et peut aussi avoir des effets dévastateurs.

Dostoïevski : « Celui qui se ment à soi-même et écoute ses propres mensonges arrive au point de ne plus pouvoir distinguer la vérité ni en soi ni autour de soi ; ainsi il commence à ne plus avoir l’estime de soi ni des autres. Ensuite, n’ayant plus l’estime de personne, il cesse aussi d’aimer. »

- Faire la vérité, faire advenir à la vérité n’est pas simple “La vérité ne s’acquiert pas vraiment quand elle est imposée comme quelque chose d’extrinsèque et d’impersonnel ; elle découle au contraire de relations libres entre les personnes, de l’écoute réciproque” dit le pape François[1]. La prise au sérieux de l’existence de l’autre oblige à prendre du temps avec lui pour que la vérité advienne. La vérité ne doit jamais écraser l’autre. Elle se découvre pas à pas. Qu’est-ce qui peut aider à cheminer ensemble vers la vérité ?

- Pourquoi les enfants mentent-ils? Avant de gronder un enfant pour un mensonge, il est important de réfléchir aux raisons qui l’ont poussé à mentir. Fabuler peut-être une défense dans la traversée des difficultés. Le mensonge les protège alors de la blessure. L’enfant peut se sentir coupable de ne pas correspondre aux attentes de ses parents, alors il va inventer quelque chose pour leur faire plaisir. Il agit pour être reconnu par eux. Il essaye d’éviter la punition qui va accompagner sa franchise. Il refuse d’assumer certains de ses actes. Il craint qu’on le découvre méchant ou de faire de la peine.

Comment les parents peuvent-ils valoriser la franchise de leur enfant et le guider dans un chemin de confiance et de vérité ? Comment l’aider à prendre conscience des effets négatifs que le mensonge peut avoir pour les autres et pour lui-même ?

- La vérité nous libère Vivre sans dissimulation ni mensonge nous permet d’être vraiment nous-même, sans tricherie ni masque en acceptant de laisser percevoir nos limites et nos faiblesses. Cette attitude favorise la création de liens de confiance avec ceux auprès desquels nous acceptons de vivre au grand jour. Elle fait disparaître la part d'ombre qui nous ronge de l’intérieur et ne permet pas la rencontre en vérité. Elle libère du poids de toutes les fausses protections que nous imaginons pour nous cacher et qui en fait nous écrasent et nous enferment.

REPERES

- Identifier ce qui en nous empêche des relations vraies : jalousie, violence dans les conflits, fusion avec l’autre (attendre tout de lui), amour narcissique, manipulation, séduction, mensonges, autoritarisme.

Attitudes-clé pour vivre nos relations en vérité : essayer de comprendre l’autre, le respecter, le laisser libre, s’ouvrir à quelqu’un d’autre que soi-même.

- Pour discerner la vérité, il est nécessaire d’examiner ce qui favorise la relation, la communion et promeut le bien et ce qui, au contraire, tend à isoler, diviser et opposer. A partir de leurs fruits, nous pouvons distinguer la vérité des énoncés: s’ils suscitent la

controverse, fomentent les divisions, insufflent la résignation ou si, au contraire, ils

conduisent à une réflexion consciente et mûre, au dialogue constructif, à une dynamique fructueuse. » Pape François

- Ne pas mentir ne signifie pas tout dire.

- J’ai le droit de préserver mes jardins secrets.

- Je dois rester dans la vérité mais toute vérité n’est pas à dire tout le temps et à tous.

- Cherchons-nous à vérifier la vérité des informations qui nous font plaisir et paraissent conforter nos idées?

Il existe des moyens et des sites internet qui aident à ne pas tomber dans le piège d’une fake new.

[1] Toutes les citations du pape François de cette fiche viennent du message du Saint-Père pour la 52e Journée Mondiale des Communications Sociales le 13 mai 2018

2. La Parole de Dieu

- Le récit du péché originel (Genèse 3,1-15). Le serpent est l’auteur de la première fake news qui a conduit l’humanité aux conséquences tragiques du péché. Sa stratégie est une séduction rampante et dangereuse qui fait son chemin dans le cœur de l’homme avec des arguments faux et attrayants. “Dans le récit du péché originel, le tentateur, en fait, s’approche de la femme feignant d’être son ami, de s’intéresser à son bien, et commence le discours avec une affirmation vraie, mais seulement partiellement: « Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? » (Gn 3,1). Ce que Dieu avait dit à Adam n’était pas en réalité de ne manger d’aucun arbre, mais seulement d’un arbre : « Mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas » (Gn 2,17). La femme, répondant, l’explique au serpent, mais elle se fait attirer par sa provocation : « Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: “ Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez. ” » (Gn 3,2). Cette réponse sait se faire légaliste et pessimiste: ayant donné crédibilité au faussaire, se laissant séduire par son arrangement des faits, la femme se fait corrompre. Ainsi, de prime abord elle prête attention à son assurance: « Vous ne mourrez pas du tout » (v. 4). Puis la déconstruction du tentateur assume une apparence crédible : « Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (v. 5). Finalement on en vient à discréditer la recommandation paternelle de Dieu, qui visait le bien, pour suivre l’incantation séduisante de l’ennemi: « La femme vit que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable » (v. 6). Cet épisode biblique révèle donc un fait essentiel pour notre discours: aucune désinformation n’est inoffensive; de fait, se fier à ce qui est faux, produit des conséquences néfastes. Même une distorsion apparemment légère de la vérité peut avoir des effets dangereux.” (Commentaire du pape François)

- “Qu’est-ce que la vérité ?” (Jean 18,33-38)

Question posée par Pilate à Jésus au moment de son jugement. La réponse appartient à chacun de nous. Nous pouvons choisir comme Pilate la vérité du rapport de force ou comme Jésus celle d’un amour sans limite allant jusqu’au don de sa vie pour l’annonce du Royaume de Dieu.

- « Si vous restez fidèles à mes paroles, vous êtes vraiment mes disciples ;

ainsi vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » (Jean 8, 31-32)

A ces paroles, des Juifs qui avaient cru en Jésus se révoltent: ils sont fils d’Abraham et jamais ils n’ont été esclaves ! “Si le Fils vous libère,vous serez réellement libres”, leur répond Jésus. De quelle liberté parle-t-il? C’est celle des fils, répond saint Paul. Si l’Esprit de Jésus atteste en nous que nous sommes enfants de Dieu, alors nous ne sommes plus esclaves de la peur. Nous sommes libérés de tout ce que nous tentons vainement de construire pour nous protéger en cherchant nos sécurités dans le pouvoir, la convoitise des richesses et des biens matériels. Nous sommes habités par l’amour de notre Père, ce qui nous amène à reconnaître que nous ne sommes pas à l’origine de notre vie, que vivre vraiment en liberté, c’est recevoir sa vie d’un autre.

- « Pourquoi ne comprenez-vous pas ce que je vous dis ? » (Jean 8,42-47)

Ceux qui ont pour père le diable qui ne s’est jamais tenu dans la vérité et parle de

manière naturelle quand il dit des mensonges ne croient pas Jésus nous dit Jean : « Mais moi je dis la vérité et c’est pourquoi vous ne me croyez pas. (…) Vous n’êtes pas de Dieu et c’est

pourquoi vous n’écoutez pas. »

La question nous est posée aussi aujourd’hui : Sommes-nous en recherche d’une vérité qui nous convienne ou ancrons-nous notre confiance en la parole de Dieu ?

- "Je suis le chemin, la vérité et la vie" (Jean 14,6). La vérité est ce sur quoi l’on peut

s’appuyer pour ne pas tomber. La seule personne vraiment fiable et digne de confiance,

sur laquelle on peut compter, que l’on peut suivre et qui est «vraie», est Jésus. L’homme découvre et redécouvre la vérité quand il fait l’expérience en lui-même de la rencontre du Christ, de la fidélité et de la fiabilité de Celui qui l’aime.

- “Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent” (Psaume 85,11) Le rapprochement de ces deux mots par le psalmiste souligne leur caractère indissociable. Il n’y a pas d’amour sans vérité, il n’y a pas de vérité sans amour. Pour grandir dans notre capacité à aimer, nous devons combattre tout ce qui ne nous permet pas de nous situer en vérité.

Autres textes

« Celui qui dit qu’il aime Dieu et qui n’aime pas son frère, est un menteur » (1 Jean 4,20)
"Dieu est lumière et il n’y a aucune obscurité en Lui. Si nous prétendons être sans péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous.” (1 Jean 1,5-10).