Le pardon

Pardonner est difficile. Mais n’est-ce pas la seule voie pour continuer à vivre ensemble, pour être libéré de ses rancœurs et retrouver la paix ?

Cela nécessite une ouverture du cœur, du temps, une démarche de vérité sur soi-même et une réelle volonté de comprendre l’autre, accepter de ne pas réduire la personne qui m’a blessé à son acte.

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Points-clés

Prendre conscience que

• Le pardon est un acte d’amour et de liberté, contrairement à la vengeance qui obéit à des pulsions, ou à la rancœur qui enferme.
  

• Le pardon rend l’avenir possible. Il n’enferme pas dans le passé. C’est un acte d’espérance.
  

• Quand il s’agit d’un acte grave, le pardon n’est pas immédiat. Il ne s’accorde parfois qu’au bout d’un très long chemin. Un peu comme un travail de deuil.
  

• On peut être à la fois victime et « bourreau ». C’est pourquoi il est important d’envisager que les torts peuvent être réciproques, de considérer que l’autre peut nous faire souffrir parce que nous-mêmes l’avons fait souffrir.
  

• Il faut prendre conscience du mal infligé à l’autre et de celui que l’autre nous a infligé ; oser le regarder en face et le nommer.
  

• Il est parfois plus facile de pardonner que de demander pardon.
  

• Le pardon est un chemin de vie qui libère celui qui le donne et celui qui le reçoit. Il ne s’oppose pas à la justice et à la réparation.
  

• Pardon ne signifie pas oubli.

1. La parole des couples

QUESTIONS

• Quels mots évoquent pour moi le pardon ?

• Le pardon me paraît-il toujours possible?

• Lorsque vous avez été blessés l’un par l’autre, vous êtes-vous déjà demandé pardon?

• Quelles sont pour moi les conditions du pardon?

• Je me rappelle d’un pardon que j'ai donné et d’un autre que j’ai demandé. Quelles difficultés ai-je rencontrées dans les deux cas ? Quels blocages? Quels fruits?

PISTES DE REFLEXION

• Que signifie pardonner ? Pardonner n’est ni oublier ni effacer. Il signifie continuer d’aimer, de respecter, d’espérer, rétablir l’autre dans sa qualité de personne aimée.
  

• Le pardon ne fait pas seulement partie du champ de la raison. C’est un acte d’amour et un acte de liberté.
  

• Refuser de pardonner ou de demander pardon, c’est bloquer l’avenir et s’interdire toute évolution. C’est s’enfermer dans le refus, dans la douleur et l’esprit de revanche.
  

• Pardonner est difficile et exigeant. La proposition de pardon est pour certains un des points de la foi chrétienne les plus difficiles à admettre. Mais aussi une des découvertes les plus libératrices, le passage par une mort et une résurrection.
  

• Accepter de ne pas réduire l’autre à son acte, bien vouloir retenir ce qui unit plutôt que ce qui divise nécessite un grand travail sur soi-même. Cette démarche est toujours longue et parfois au-dessus de nos forces. Mais elle est une victoire du cœur sur la passion et l’instinct.
  

• Le pardon nécessite des étapes, par exemple une réciprocité dans la reconnaissance des torts, ce qui n’est pas toujours possible. Pour continuer à vivre ensemble, la prise de conscience de ses erreurs est indispensable et la demande de pardon est essentielle pour parvenir à une authentique réconciliation.

Des repères et des moyens pour pardonner - S’engager dans la voie du pardon, c’est admettre qu’on peut faire un chemin à deux.

Pour demander pardon, il faut avoir conscience du mal infligé à l’autre, le nommer, le regretter sincèrement et le dire à l’intéressé.

- Pour pouvoir pardonner, il faut oser dire sa peine ou sa blessure, ne jamais prétendre effacer ce qui fut et demeure une réalité. Il s’agit d’accorder son pardon à la personne, pas d’effacer l’acte. Il est primordial de distinguer les deux.

- Avant de s’accorder un pardon, il est bon de se ménager un moment d’échange pour se parler et se comprendre. - Lorsque la faute est grave, rétablir la relation demande du temps. Quand ce n’est pas possible (décès de l’autre, refus de l’autre, situation perverse), on peut confier à Dieu son désir de pardon, à l’image du Christ sur la Croix : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » - Dans le pardon, il y a aussi une idée de restauration. Celle-ci est déjà à l’œuvre dans la volonté de se comprendre. Il s’agit de faire revivre la relation, enrichie par ce que l’on a franchi ensemble.

- Dans des cas très graves, la justice condamne la personne. Cela n’empêche pas la victime de pardonner. Ainsi, Jean-Paul II a pardonné à son agresseur en lui rendant visite dans la prison où il purgeait sa peine.

Le sacrement de Réconciliation Ce sacrement reçu lors d’une célébration ou lors d’une confession implique un aveu de nos péchés. Il permet de sortir d’un passé qui pèse, d’une culpabilité paralysante. Dieu nous restaure dans notre entière dignité. Nous confessons d’abord de quel amour nous sommes aimés de Dieu, puis en nous tenant sous ce regard d’amour, nous opérons un travail de vérité : Faisons-nous obstacle à cet amour ? Arrivons-nous à en vivre complètement ? Ou avons-nous choisi à certains moments de ne pas aimer ? Certes l’aveu n’est pas une démarche facile mais il est libérant.

2. La Parole de Dieu

• Le fils prodigue : Luc 15,11-24. En recevant le pardon, le fils est réconcilié avec lui-même tout autant qu’avec son père qu’il a blessé. Le sentiment de joie est alors à la mesure de l’unité retrouvée. En recevant le pardon, il reçoit un aveu d’amour, puisqu’il lui est dit que par-delà ses fautes, il a du prix aux yeux de celui qui lui pardonne. Ce dernier qui a toujours attendu le retour de son fils éprouve quant à lui la joie des retrouvailles et du recommencement. Ce texte nous fait mesurer la joie de Dieu lorsqu’il nous recrée par le pardon. L’avenir est de nouveau possible.
  

• La miséricorde de Dieu est sans limite mais nous ne pouvons l’accueillir sans adopter nous même la même posture, Matthieu 18, 23-35 "Serviteur mauvais, je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon comme moi j’avais eu pitié de toi ?”, et aussi les paroles du Notre Père : “Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés”; ou encore Matthieu 6, 14-15 : “Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi”.
  

• Le pardon, jusqu’à soixante-dix fois sept fois : Matthieu 18,21-22. Le pardon de Dieu est sans mesure. Pardonner à nos frères nous rend proche de Dieu.
  

• “Et pourquoi regardes-tu le fétu de paille qui est dans l'œil de ton frère, mais ne t'aperçois-tu pas de la poutre qui est dans ton propre œil ? : Luc 6,39-41. Dans cette parabole, Jésus nous invite à nous interroger avant tout jugement sur le regard que nous portons sur l’autre. N’est-il pas déformé par nos propres imperfections ? Nous sommes toujours plus prompts à voir les difficultés et les failles de nos frères. Et Jésus préfère nous voir d’abord balayer devant notre porte plutôt que voir la poussière chez son voisin.
  

• « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » : Luc 23,34 et 39-43. Sur la croix, Jésus est encore capable de paroles qui expriment la relation, le pardon. Même au cœur de la souffrance, il lui a été possible d’aimer. Dans l’impuissance, il s’en remet à son Père et confie ses bourreaux au pardon de Dieu. Les deux hommes crucifiés à ses côtés sont comme une image de l’humanité. Devant Jésus crucifié, les uns se moquent et s’endurcissent, les autres sont touchés et croient en Lui.

3. La prière

Toi, Seigneur, tu m’invites à pardonner sans cesse.

Chaque jour, de nombreux événements,

de petits et de gros conflits,

de minuscules et d’énormes malentendus,

me lancent un appel,

Chaque jour retentit l’appel à pardonner.

Mais je n’en ai pas envie, Seigneur,

parce que j’ai l’impression de toujours plier

quand je pardonne.

j’ai l’impression d’être le plus faible,

celui qui n’a pas assez de colonne vertébrale

pour se tenir debout.

Puis je me souviens de Toi sur la croix.

Il t’en fallait du courage et de l’amour pour dire :

» Père, pardonne-leur,

ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Donne-moi donc la force de pardonner sans cesse.

Car je sais, en regardant ta vie et ta mort,

que ce n’est pas de la faiblesse

de ne jamais refuser son pardon.

C’est de la force.

C’est la force de l’amour.

Prière Canadienne